Chapitre 1 : On court

Au loin les rues gelées, une allée droite et impressionnante donnant sur cette place, au grand manège.

Nos jambes qui s'affolent à toute vitesse et qui courent sous une pluie grosse comme la neige,

Ta main chaude au creux de la mienne qui fait contraste avec l'air glacé qui parcourt nos corps.

Ton rire enfantin criant qu'on est des gamins, je suis, fou, de la reine du plus beau château fort.

Nos pas crient, nos pas résonnent, sur les pavés, mon cœur bat, mon cœur frissonne,

On court, encore et encore, accros à cet instant ensorcelé, puis tout s'arrête pour mieux rester figé.

Nous avons trouvé refuge sous un porche, et tu reprends ta sale manie, clope au bec, tu approches la flamme de ton visage.

Je te découvre alors trempée, les cheveux en bataille, les joues rosies par l'effort et le froid, tes yeux verts brillent, tes lèvres se sont fermées sur ce mirage.

Cet instant c'est ...

Toi. Moi. Et puis plus rien. Puis toi, que toi, juste toi, qui me regarde, me scrute, me dévisage, m'analyse, m'approchant doucement...

Puis toi, enfin nous.